Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/236

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menaçait d’un orage, leur figure, comme agitée d’avance par le fluide électrique, avait un aspect bouleversé. Chez un voyageur accoutumé à la douceur et à l’urbanité des mines françaises, celles-ci n’eussent produit que de l’horreur. Presque toujours, nous cherchons à acheter quelque chose de ces Calabrois, pour avoir l’occasion de faire un peu de conversation. Près de Gerace, nous avons trouvé le paysan le plus étonnant, et qui nous a fait les plus singuliers récits.



Près de Mélito, 28 mai. — Il y a quelques mois qu’une femme mariée de ce pays, connue par sa piété ardente autant que par sa rare beauté, eut la faiblesse de donner rendez-vous à son amant, dans une forêt de la montagne, à deux lieues du village. L’amant fut heureux. Après ce moment de délire, l’énormité de sa faute opprima l’âme de la coupable : elle restait plongée dans un morne silence. « Pourquoi tant de froideur ? dit l’amant. — Je songeais aux moyens de nous voir demain ; cette cabane abandonnée, dans ce bois sombre, est le lieu le plus convenable. » L’amant