Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/237

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s’éloigne ; la malheureuse ne revint point au village, et passa la nuit dans la forêt, occupée, ainsi qu’elle l’a avoué, à prier, et à creuser deux fosses. Le jour paraît, et bientôt l’amant, qui reçoit la mort des mains de cette femme, dont il se croyait adoré. Cette malheureuse victime du remords ensevelit son amant avec le plus grand soin, vient au village, où elle se confesse au curé, et embrasse ses enfants. Elle retourne ensuite dans la forêt, où on la trouve sans vie, étendue dans la fosse creusée à côté de celle de son amant.


Reggio de calabre, 29 mai. — Une jolie petite fille aimait beaucoup une certaine poupée de cire dont on lui avait fait cadeau. La poupée ayant froid, elle la mit au soleil, qui la fondit, et l’enfant pleura à chaudes larmes l’anéantissement de ce qu’elle aimait : voilà le fond du caractère national de cette extrémité de l’Italie ; un enfantillage passionné. Ces gens-ci mènent une vie fort douce ; jamais l’idée du devoir ne leur apparaît, leur religion est bien loin de contrarier leurs penchants : elle consiste dans une suite de dévotions qui leur sont