Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/240

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première, il faut qu’il y ait quelque espoir de succès. Faute de descendre à la considération de ce mécanisme, la diplomatie de l’Europe dit de grandes pauvretés sur ce pays. Ce peuple a deux croyances : les rites de la religion chrétienne, et la jetatura (l’action de jeter un sort sur le voisin en le regardant de travers). Une certaine chose, nommée justice et gouvernement, est considérée comme une vexation que l’on renverse tous les huit ou dix ans, et que l’on peut toujours éluder. L’essentiel pour le paysan est d’avoir pour confesseur ou pour compère un fratone (ou moine puissant), ou bien une jolie femme dans la famille. Dans la bourgeoisie l’aîné se fait prêtre, marie à son frère cadet la jolie fille qu’il aime ; et il règne beaucoup d’union dans ces familles.

À Tarente, à Otrante, à Squillace, nous avons trouvé parmi ces prêtres, frères aînés de famille, une connaissance profonde de la langue latine et des antiquités. Ces gens-ci sont fiers d’habiter la Grande-Grèce. Un homme de bon sens de ce pays fait de Tacite sa lecture habituelle. Dès qu’on se méfie de quelque étranger, on se met à parler latin. Un exemplaire de Voltaire ou du Compère Mathieu est un trésor en ce pays. Il y en avait un dans