Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/239

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de loyauté ou de dévouement à une dynastie qui brille dans les romans de sir Walter Scott, et qui aurait dû le faire pair, est aussi inconnu ici que de la neige au mois de mai. En vérité, je n’en trouve pas ces gens-ci plus sots. (J’avoue que cette idée est de bien mauvais goût.) Tôt ou tard le Calabrois se battra fort bien pour les intérêts d’une société secrète, qui lui monte la tête depuis dix ans. Il y a déjà dix-neuf ans que le cardinal Ruffo eut cette idée : peut-être même ces sociétés existaient-elles avant lui.

J’ai vu, sur le rivage de l’Océan, près de Dieppe, des bois de haute futaie assez étendus. Les paysans me disaient : « Monsieur, si nous avions le malheur de les couper, les arbres ne reviendraient plus. Les vents terribles de l’Océan brûlent les nouveaux plants. » C’est par la même raison que le courage militaire ne peut pas se développer parmi les Napolitains. Au moindre signe de vie, on verse sur ce malheureux pays trente mille Gaulois ou trente mille Hongrois, de temps immémorial fort bien formés aux batailles. Comment veut-on que deux mille paysans des Calabres osent affronter de telles troupes ? Pour que de nouvelles levées puissent s’aguerrir, il faut beaucoup de petites rencontres ; et, en les conduisant à la