Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/246

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tente de tenir sa bande au complet. Il reçoit tous les jours des demandes d’emploi ; mais il exige des titres, c’est-à-dire des blessures sur le champ de bataille, et non des certificats de complaisance : telles sont ses propres paroles. (2 mai 1817.)

Ce printemps, la disette faisait souffrir les paysans de la Pouille. Le chef des brigands distribuait aux malheureux des bons sur les riches. La ration était d’une livre et demie de pain pour un homme, une livre pour une femme, deux livres pour une femme enceinte. Celle qui m’inspira de la curiosité recevait six bons de deux livres de pain par semaine, depuis un mois.

Du reste, l’on ne sait jamais où se trouvent les indépendants. Tous les espions sont pour eux. Du temps des Romains ce brigand eût été Marcellus.


Naples, 16 juin. — Au retour de mon voyage de Calabre, j’ai eu quelques inquiétudes : on a, dit-on, eu peur de moi, et moi j’ai eu peur d’être chassé de Naples. C’est un danger que ne courent pas les Suédois, les Saxons, les Anglais, etc. ; mais ils ne sont pas reçus comme un ami par tout ce qu’il y a de distingué, sur la seule indication de Français non protégé