Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/250

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États-Unis d’Amérique qu’en Angleterre. Elles possèdent légalement en Amérique ce que leur procurent en France la douceur des mœurs et la crainte du ridicule. Dans une petite ville d’Angleterre, le marchand qui gagne deux cents louis par son commerce est maître de sa femme comme de son cheval. Parmi les marchands d’Italie, la considération, la liberté et le bonheur d’une femme, sont proportionnels à son degré de beauté. À Rome, ville où le pouvoir est exercé par des célibataires, vous entrez dans une boutique et demandez l’estampe du prophète Daniel, de Michel-Ange. « Monsieur nous l’avons ; mais il faudrait la chercher dans les portefeuilles : repassez quand mon mari y sera. » Voilà l’excès contraire à celui de l’Angleterre. Pour atteindre à l’égalité, source de bonheur pour les deux sexes, il faudrait que le duel fût permis aux femmes : le pistolet n’exige que de l’adresse. Toute femme se constituant prisonnière pendant deux ans, pourrait, à l’expiration de ce terme, obtenir le divorce. Vers l’an 2.000, ces idées ne seront plus ridicules.

25 juin. — Je ne puis rapporter un bon mot qui fait l’admiration de Naples : peut-être n’aurait-il pas autant de succès à Paris. Tout le monde connaît ce mot d’une