Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/257

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
256
ROME, NAPLES ET FLORENCE

cipice, éprouve la tentation de s’y jeter.

On croit à la jetatura en Norwège tout comme à Naples. Grands éloges du roi Francesco.

15 juillet. — Soirées de madame Tarchi-Sandrini à Portici. Salon délicieux à dix pas de la mer, dont nous sommes séparés par un bosquet d’orangers. La mer brise avec mollesse ; vue d’Ischia ; les glaces sont excellentes. Je suis venu de trop bonne heure ; je vois arriver dix ou douze femmes qui semblent choisies parmi ce que Naples a de plus distingué. Madame Melfi vient de partager pendant trois ans l’exil de son mari ; elle a passé tous les hivers à Paris ; elle est arrivée escortée de vingt ou trente caisses de modes. On l’entoure, on l’écoute. « Un joli jeune homme, dit-elle, et fort bien né, me fit cette confidence à Paris : « Je ne m’ennuie plus tant dans la société depuis que j’ai cessé de danser. L’embarras de faire danser la maîtresse de la maison, de retenir une place, de s’assurer un vis-à-vis, m’inquiétait toute la soirée. » Image frappante et véritable de la civilisation parisienne ! le plaisir étouffé par les formes qu’on lui impose.

« Quand un de mes amis entre chez moi, dit madame Melfi, je vois tout de