Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/260

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Dans vingt ans le paraître sera tout pour un Français. Vous commencez à avoir des rites sévères ; je crains que vous ne deveniez tristes comme des Anglais ; vous ne pourrez plus vous moucher sans craindre de manquer à un devoir.

« Ce qui me plaît dans vos vieux jacobins, c’est qu’ils étaient au-dessus de ces petitesses : pour les déraciner du cœur de la jeunesse, ils inventèrent le costume négligé de Marat. Vos jeunes gens de vingt ans me font l’effet d’en avoir quarante. On dirait que les femmes leur sont odieuses : ils semblent rêver à établir une religion nouvelle. Vos très-jeunes femmes me semblent éprouver de même un mouvement d’éloignement pour les hommes : tout cela annonce une dizaine d’années bien gaies. »

Madame B*** disait un jour : « La musique ne saurait rendre la sécheresse, qui est la source principale de l’ennui que l’on éprouve à la cour. Le baume, pour cette douleur, c’est l’opéra seria traité à la Métastase. Ce poëte, ainsi que la musique, donne de la sensibilité et quelque générosité, même à ses plus cruels tyrans. Le courtisan aime l’opéra seria, parce qu’il est bien aise que le public voie son état en beau. »

« En arrivant à Paris, dit madame