Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/266

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sévérité ordinaire : « L’éducation couleur de rose et si remplie de douceur, que les Français donnent à leurs enfants, ôte à ceux-ci l’occasion d’oser et de souffrir. Cette éducation parisienne anéantit la force de vouloir, qui n’est que le courage de s’exposer au danger. Les vexations auxquelles est en butte la jeunesse de Milan et de Modène me sont précieuses, si je les compare à la douceur du gouvernement français, qui, à Paris, glisse inaperçu : elles nous conserveront la supériorité dans la force de vouloir. Les dangers du treizième siècle nous valurent les grands hommes du quatorzième. »

20 juillet. — Ce soir, après un serment fort sérieux d’être à jamais discret, j’ai vu des marionnettes satiriques. J’ai retrouvé ici une famille de gens d’esprit, mes anciens amis, extrêmement prudents en apparence, mais, au fond, se moquant de tout ce qui est risible, et fort gais. Le résultat de la confiance qu’on a dans ma discrétion a été de me faire admettre à une comédie satirique, dans le goût de la Mandragore de Machiavel, jouée par des marionnettes. Dès les premières scènes, la pièce m’a rappelé le délicieux proverbe de Collé, intitulé la Vérité dans le vin. Mais ici il y a un feu, une vie dra-