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ROME, NAPLES ET FLORENCE

qu’ils ne gardent une forte teinte de préjugés. En Angleterre, un demi-sot fait souvent un bon livre. Ici, un homme de talent comme Foscolo s’amuse à faire un pamphlet latin contre ses ennemis[1]. Beaux yeux de Miss Julia G***.

26 août. — L’on me mène à l’église des Jésuites, à côté du palais de Venise. Je sens un peu de ce respect qu’inspire le pouvoir, même le plus scélérat, lorsqu’il a fait de grandes choses. — L’église est remplie de la plus infâme canaille ; nous renvoyons nos montres à l’hôtel. Mauvais goût du président de Brosses, qui s’extasie à propos de l’autel de saint Ignace. L’ignoble et le ridicule de cette sculpture sont incroyables : c’est au point que je n’ose dire en quoi elle est ignoble ; mais l’on était si barbare en France vers 1740, qu’il faut tout pardonner en faveur de tant d’esprit. Enfin la musique commence : ce sont des orgues placées en divers endroits de l’église et qui se répondent. Cela est fort agréable ; mais, comme partout, le musicien abuse de la richesse de cet instrument. J’ai entendu mille fois mieux en

  1. Didymi Clerici Epistolæ, Lugano, 1816. Foscolo, le premier poëte d’Italie après Monti et Manzoni, est auteur des Tombeaux et d’Ajace. Comme Monti, il ne pense pas beaucoup, mais il versifie supérieurement.