Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/278

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Allemagne : cependant je passe deux heures fort bien. Chose étonnante ! je vois deux ou trois Anglais vraiment touchés. Nous avons vu arriver huit ou dix cardinaux amis des jésuites. C’est à Rome que cet ordre célèbre a les ennemis les plus puissants : les dominicains et les capucins sont furieux. Honneurs militaires rendus aux cardinaux. Belle tenue des troupes romaines. On sent tellement à quelle canaille on a affaire, que chaque chapelle est gardée par une sentinelle, la baïonnette au bout du fusil : outre cela, d’autres sentinelles se promènent au milieu de la foule agenouillée. Bon trait dans le centre de la religion, qui prétend retenir les hommes par le moral ! que l’on sente cependant la nécessité de la baïonnette, plus qu’à Paris, où l’on nous dit que nous sommes impies. Ces soldats revenant de France, et couverts encore de ce noble uniforme français, chantent à demi-voix le psaume avec le peuple. Rome serait encore la capitale des arts, pour peu qu’elle eût un moral passable. Ce chant du peuple est excellent. Ici la musique et l’amour font la conversation d’une duchesse comme de la femme de son coiffeur ; et, quand celle-ci a de l’esprit la différence n’est pas fort grande : c’est qu’il y a des fortunes différentes, mais il