Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/290

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sage la vie d’une manière vive, passionnée, remplie de sensations fortes, et un peu désordonnées si vous voulez. Dans la première hypothèse, le mariage et les liens de famille sont couverts de l’inviolabilité la plus emphatique. À Rome, le prince Colonna ou tout autre ne considère le mariage que comme une institution destinée à régler l’état des enfants et le partage des propriétés. Un Romain à qui vous proposeriez d’aimer toujours la même femme, fût-elle un ange, s’écrierait que vous lui enlevez les trois quarts de ce qui fait qu’il vaut la peine de vivre. Ainsi, à Édimbourg, la famille est le principal, et à Rome l’accessoire seulement. Si le système des gens du Nord engendre parfois la monotonie et l’ennui que nous lisons sur leurs figures, souvent aussi il procure un bonheur calme et de tous les jours. Ce qui est plus capital à mes yeux, peut-être le système triste a-t-il quelque secrète analogie avec la liberté et tous les trésors du bonheur qu’elle verse sur les hommes. Le système romain n’admet pas cette quantité de petits États qu’on appelle familles ; mais aussi chacun peut chercher le bonheur comme il l’entend.

Si je ne craignais de me faire lapider, j’ajouterais qu’il est un pays dont les habitants ont importé pour leur usage