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ROME, NAPLES ET FLORENCE


Castel-Gandolfo, 1er octobre. — Je suis établi depuis un mois à Castel-Gandolfo ; je passe ma vie sur les bords du lac Albano et à Frascati. Ce serait être injuste envers ces sites délicieux que de les décrire en moins de vingt pages. — Anecdote du jeune paysan de Frascati, contée hier à la villa Aldobrandini. Ce climat inspire je ne sais comment l’adoration pour la beauté. Mais je n’ai déjà que trop parlé de ce qui tient à la beauté : j’ennuierai les gens du Nord. Voici de la philosophie morale. À Rome, je vais presque chaque soir chez M. Tambroni, au palais de Venise ; là je trouve son aimable femme, née à Chambéry, Canova, ami de la maison, et deux ou trois philosophes, tels, pour l’impartialité et la profondeur de leurs jugements, que jamais je n’ai rencontré rien qui en approche.

Voici l’extrait de mes notes du mois dernier. Je vais à Rome ; mais la peur de la fièvre me ramène coucher à Castel-Gandolfo.

Les gens du Nord envisagent l’existence d’une manière grave, sérieuse, profonde si l’on veut. On a peut-être autant d’esprit à Rome qu’à Édimbourg, et l’on y envi-