Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/296

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son voisin. Vous le croyez un conspirateur profond, l’être prudent par excellence, un Machiavel incarné : voyez l’innocence vertueuse et girondine des conspirateurs du Piémont et de Naples. Le Romain me semble supérieur, sous tous les rapports, aux autres peuples de l’Italie : il a plus de force de caractère, plus de simplicité, et incomparablement plus d’esprit. Donnez-lui un Napoléon pendant vingt ans, et les Romains seront évidemment le premier peuple de l’Europe. C’est ce que je prouverais facilement s’il me restait assez de place. Si cette brochure a une autre édition, je donnerai dix anecdotes prouvant l’assertion qui précède.

10 octobre. — Hier soir j’ai couché à Rome. Vers les neuf heures, je sortais de ces salles magnifiques voisines d’un jardin rempli d’orangers, qu’on appelle le café Ruspoli : vis-à-vis le café se trouve le palais Fiano. Un homme, à la porte d’une espèce de cave, disait : Entrate, ô signori !… (Entrez, entrez, messieurs ; voilà que ça va commencer.) J’entre, en effet, dans ce petit théâtre, pour la somme de vingt-huit centimes. Ce prix me fit redouter la mauvaise compagnie et les puces. Je fus bientôt rassuré. Je m’aperçus, au ton de la conversation, que j’avais pour voisins de