Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/41

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gouvernements, une absence générale de bon sens et de générosité, et une envie marquée de vexer les voyageurs autres qu’Anglais. Les Anglais s’occupent peu de politique[1] ; les riches désirent passionnément l’honneur d’être admis au lever des petits princes d’Italie ; ils ont des ambassadeurs qui les protègent, chose rare par le temps qui court : demandez à M***. Enfin M. le cardinal Consalvi favorise ouvertement les Anglais. Un ultra m’a dit avec malignité : « Vous autres, vous ne pouvez guère avoir recours à la protection de vos ambassadeurs. — Cela prouve à Votre Excellence que la révolution n’est pas finie. » Pour moi, j’aurais tort de me plaindre : c’est un plaisir de plus que de ne pouvoir compter, en voyageant au delà de l’Apennin, sur la protection du ministre que les contributions de ma petite terre contribuent à payer. Cette idée rendra légères à mes yeux toutes les vexations que je pourrai essuyer de la part des polices des pauvres petits princes de ce pays. On prétend que la peur les dévore, que quelques-uns changent de chambre toutes les nuits, comme le Pygmalion de Télémaque. Je n’en crois rien ; mais il est sûr qu’à la chasse, un coup de baguette donné sur la grosse

  1. Troubler l’ordre des castes a l’air de vouloir sortir de la sienne, ce qui est tout à fait vulgaire.