Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/42

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caisse de la musique du pays, cachée dans un bois pour les fêter, les rend pâles pour deux heures. Jamais leur gendarme le plus impoli ne m’a fait pâlir une seule minute : donc, dans le jeu qu’ils jouent avec moi, je ne perds pas. J’espère que la position précaire, et plus libérale que mes opinions, dans laquelle je me trouve, ne me rendra pas haineux. Je n’ai pas parlé d’un vice-légat qui fait des horreurs dans les environs de Bologne.

14 janvier. — Ce soir le cardinal avait de l’humeur. C’est, dit-on, l’effet d’un courrier arrivé de Rome la nuit dernière ; il craint le renvoi du cardinal Consalvi, le de Cazes de ce pays-ci, dont la faveur empêche ou retarde d’étranges choses. Le cardinal Lante a été ce soir tout à fait littéraire, et a parlé avec sa mémoire, comme un homme d’esprit qui vieillit ; à la bonne heure, pourvu que le tour de la littérature ne revienne pas souvent. Pour la première fois j’ai senti le poids des convenances ; les dissertations littéraires m’ont empêché d’aborder de jeunes femmes dont j’admirais de loin les yeux brillants ; je commence à être un peu lié avec elles ; et leurs amants n’étaient pas encore arrivés. Je ne suis pas du tout littéraire ; un académicien est à mes yeux un employé du