Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/54

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ce qui leur vaut trente mille francs par an, aucun journaliste n’admettrait de ces articles impudents. Nous n’avons pas en littérature de provinciaux à tromper ; nos États sont si petits que nous les connaissons tous. À l’exception de quelques renégats, tous nos gens de lettres travaillent en conscience ; mais tout ce qui a quelque génie se garde d’imprimer par crainte de l’exil ou de la prison, ou par dégoût pour la censure. Rien n’est plus simple, il est vrai, que d’imprimer à Bruxelles sous un faux nom, mais cette idée moderne ne nous est pas encore arrivée.

— C’est ainsi qu’un peuple de plus de dix-huit millions, et le plus ingénieux de l’Europe, reste muet. Quel est, depuis 1814, le livre italien traduit en français ?

M. le comte Perticari de Pesaro est dans ce moment à la tête de la littérature italienne, ce qui n’est pas beaucoup dire assurément. Or, voici ce qu’il écrit à propos de la patrie du célèbre Rossini, qui est né à Pesaro d’un père natif de Lugo : ce sont deux petites villes voisines de Bologne :

« Buono sia ai colti Pesaresi che, ancora con pubblico monumento dedicato, donarono della loro cittadinanza l’Orfeo de’ giorni nostri ; nato, egli è vero, nel 1792 a Pesaro di madre Pesarese, ma generato di padre Lughese, che venne agli stipendi