Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/58

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chute des républiques du moyen âge, cherchent à les avilir. Entre leurs princes et eux, on ne s’est jamais départi de la méfiance la plus sombre d’un côté, et de l’exécration de l’autre, témoin le nombre des conspirations et des assassinats. L’Italie a eu cinquante petits princes dont même les noms sont inconnus en France[1] ; celui des Visconti est venu jusqu’à nous ; eh bien, voici le résumé de la vie des princes de cette famille : Matteo Ier, celui qui se fit souverain, mourut du chagrin que lui causèrent les excommunications du pape ; Galéas Ier, son fils, périt par suite des mauvais traitements soufferts en prison ; ce fut le poison qui termina les jours de Stefano ; Marco fut jeté par la fenêtre ; Luchino, empoisonné par sa femme ; Matteo II périt assassiné par ses frères ; Bernabo finit par le poison dans sa prison à Trezzo ; et Jean-Marie fut percé de coups comme il se rendait à l’église. Voilà les morts arrivées dans une seule famille de princes, et cela en moins de cent ans ! Quant aux cruautés exécrables par lesquelles ils se vengeaient de leurs soupçons, elles ne sont que trop connues ; on se souvient encore, dans le pays où il régna, des chiens employés par Jean-Marie pour déchi-

  1. Le lecteur connaît-il les Benzoni de Crema, les Malatesta de Ravenne ?