Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/59

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rer les Milanais ses sujets, qui, enfin, se délivrèrent de ce monstre en 1412. Je demande pardon au lecteur d’avoir eu recours à des citations aussi tristes pour prouver une théorie littéraire ; mais, en France, nous sommes un peu sujets, depuis vingt ans, à ne croire au courage que sous la moustache, et à l’instruction qu’avec la pédanterie. Il y a tout avantage à être pédant, et rien n’est plus facile.

Au lieu de la profonde méfiance qui, de tout temps, en Italie, sépara le prince et les sujets, depuis qu’il y a des bourgeois de Paris, nous les voyons aimer le roi ; anciennement, et à commencer par Louis le Gros, le roi les protégea contre les nobles. Dans les temps plus voisins du nôtre, les bourgeois aimaient le roi, quel qu’il fût, pour singer les grands seigneurs qui disaient qu’ils l’adoraient, afin de pouvoir plus aisément faire leur métier : demander, prendre et recevoir. Rien de pareil en Italie à aucune époque, et M. Foscolo a trouvé un écho dans tous les cœurs quand il a dit, dans gli Sepolcri, en parlant de Machiavel :

Te beata, gridai..................
..............quando il monumento
Vidi ove posa il corpo di quel grande
Che temprando lo scettro a’ regnatori