Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/74

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nous empêcher de reconnaître qu’aucun peuple n’a autant de sang républicain dans les veines. Il n’y a pas un demi-siècle que la véritable république a reparu dans le monde, guidée par Washington et Franklin ; mais les lois n’entrent dans les mœurs qu’après cent cinquante ans. Ce qu’il y a de remarquable, c’est que les Italiens manquent tout à fait de cette patience et de cet esprit de stabilité qu’on trouve au revers de leurs Alpes, et par lesquels les Suisses ont conservé une apparence de république. Le 24 juin 1445, comme Annibal Bentivoglio sortait de l’église de Saint-Jean-Baptiste, Baldassare Canedoli le perça d’un coup d’épée, et se mit à courir Bologne en criant Viva il popolo ! (Vive le peuple !) Le peuple se souleva en effet, mais contre l’assassin ; il massacra ses complices et détruisit leurs maisons[1]. La mort d’Annibal n’était point demandée par l’opinion, et ce n’était pas un tyran.

Il ne laissait qu’un enfant de six ans, incapable de gouverner. Le comte Poppi, qui se trouvait à Bologne, indiqua au peuple un fils naturel qu’Hercule Bentivoglio avait eu de la femme de Agnolo da Cascese, négociant de Florence. Santi,

  1. Cronic. di Bolog. Simonetta, Neri Capponi. Singulier trait de scélératesse du général Ciarpelone pour gagner quatre cents florins.