Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/87

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lis mes chers historiens du moyen âge : Jean, Matthieu et Philippe Villani, Ammirato, Velluti, les chroniques de Pise, de Sienne, de Bologne, la vie du grand ministre Acciajoli par Matthieu Palmieri ; les annales de Pistoie par Tronci, Malevolti, Poggio, Capponi, Bruni, Buoninsegni, Malespina, Corio, Soldo, Sanuto, Dei, Buonacorsi, Nardi, Nerli, tous gens chez qui la fausse culture de nos académies n’a point détruit le talent de narrer. Je ne prétends point dicter de plan de conduite aux voyageurs ; chacun pour soi dans ce genre : je raconte le mien.

J’ai trouvé chez les femmes de Bologne deux ou trois genres de beauté et d’esprit dont je n’avais pas d’idée. Je n’avais. jamais vu la beauté la plus tendre réunie au génie le plus singulier, comme chez madame Gherardi[1].

  1. Malgré la peur des gouvernements, qui, depuis 1821, se résout en tyrannie pour tomber sur la tête des sujets, on bâtit à Bologne, comme partout, beaucoup de maisons nouvelles : ce signe montre la civilisation et l’aisance semées en Italie par Napoléon, et que n’ont pu encore extirper les soins des obscurants et la chute des gendarmeries. Bologne étant fort malheureuse en 1827, la crainte de les compromettre m’a empêché de nommer les gens d’esprit qui ont bien voulu m’accueillir avec indulgence. La même raison s’oppose à la publication de certaines anecdotes trop caractéristiques. Après le cardinal Lante, Bologne a été admirablement gouvernée par M. le cardinal Spina, que nous avons vu à Paris aumônier de madame la princesse Borghèse. C’est par amour pour ce légat que Bologne n’a pas secondé le mouvement constitutionnel de Naples. Mais le cardinal