Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/86

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triels même ne comprennent ni les uns ni les autres ; il leur faut une cour de parasites. Beaucoup d’Anglais se bornent à lire dans chaque endroit les descriptions qu’en ont laissées les poëtes latins, et s’en vont en maudissant les mœurs italiennes, qu’ils ne connaissent que par leurs rapports avec la plus basse classe. Or, la Turquie est le seul despotisme qui ait laissé la probité aux basses classes.

À Bologne, je me suis abonné avec le custode du musée de la ville. Dès que j’ai une demi-heure sans visite à faire ou sans promenade, je monte à ce musée souvent pour voir un tel tableau, la Sainte Cécile de Raphaël ou le portrait du Guide, ou la Sainte Agnès du Dominiquin. Je vais presque tous les matins à Casa-Lecchio, promenade pittoresque, à la cascade du Reno : c’est le bois de Boulogne de Bologne ; ou à la Montagnola : c’est là que se tient le corso du pays. C’est une promenade de la grandeur des Tuileries, fort bien plantée d’arbres par Napoléon, et élevée d’une trentaine de pieds au-dessus de l’immense plaine qui commence à la Montagnola ; et au nord, la première colline qui vient l’interrompre est celle de Vicence, à vingt-six lieues d’ici. Le reste de mon temps se passe en visites ou à flâner sous le portique de Saint-Pétrone. Les jours de pluie, je