Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/98

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supérieure des fleurs de lis frappées sur les pièces de cinq francs). Cette forme se retrouve sur toutes les portes d’entrée des maisons de Florence ; mais les modernes ont fermé avec un mur les arcades qui entouraient la place immense au milieu de laquelle Santa Maria del Fiore s’élève isolée.

Je me sentais heureux de ne connaître personne, et de ne pas craindre d’être obligé de parler. Cette architecture du moyen âge s’est emparée de toute mon âme ; je croyais vivre avec le Dante. Il ne m’est peut-être pas venu dix pensées aujourd’hui, que je n’eusse pu traduire par un vers de ce grand homme. J’ai honte de mon récit, qui me fera passer pour égotiste.

Comme on voit bien, à la forme solide de ces palais, construits d’énormes blocs de pierre qui ont conservé brut le côté qui regarde la rue, que souvent le danger a circulé dans ces rues ! C’est l’absence de danger dans les rues qui nous fait si petits. Je viens de m’arrêter seul une heure au milieu de la petite cour sombre du palais bâti dans la via Larga par ce Côme de Médicis que les sots appellent le Père de la patrie. Moins cette architecture vise à imiter le temple grec, plus elle rappelle les hommes qui ont bâti et