Page:Stendhal - Souvenirs d’égotisme, 1927, éd. Martineau.djvu/119

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Le second jour, je crois, Edwards me dit avec mesure, politesse et même élégance « Chaque nation, voyez-vous, met de certaines façons à se battre ; notre manière à nous, Anglais, est baroque, etc., etc. »

Enfin le résultat de toute cette philosophie était de me prier de le laisser parler au capitaine qui, il y avait dix à parier contre cent, malgré l’éloignement national pour les Français, disait qu’il n’avait nullement eu l’intention de m’offenser, etc. Mais enfin, si l’on se battait, Edwards me suppliait de permettre qu’il se battît à ma place. — Est-ce que vous vous f....z de moi ? lui dis-je.

Il y eut des paroles dures, mais enfin il me convainquit qu’il n’y avait de sa part qu’excès de zèle et nous nous remîmes à chercher le capitaine. Deux ou trois fois, je sentis tous les poils de mes bras se hérisser sur moi, croyant reconnaître le capitaine. J’ai pensé depuis que la chose m’eût été difficile sans Edwards, — j’étais ivre de gaieté, de bavardage et de bière à Calais. Ce fut la première infidélité au souvenir de Milan.

Londres me toucha beaucoup à cause des promenades le long de la Tamise vers Little Chelsea (little chelsy). Il y avait là de petites maisons garnies de rosiers qui furent pour moi la véritable élégie. Ce fut la