Page:Stendhal - Souvenirs d’égotisme, 1927, éd. Martineau.djvu/8

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


PRÉFACE DE L’ÉDITEUR


La Révolution de 1830 fait d’Henri Beyle un consul. Son court séjour à Trieste se passe en attente. Ses démarches, ses excursions à Venise ne lui laissent pas le temps de s’ennuyer. Mais sitôt installé à Civita-Vecchia, dans ce port vétuste, il ne sait comment tuer le temps. Il bâille les longues heures des soirées et l’idée lui vient, pour se distraire, de raconter sa vie à Paris durant les dernières années de la Restauration.

Il y avait été malheureux, certes, et sans ressources. Il avait souffert d’un cruel amour il avait bien des fois songé au suicide. Du moins y goûtait-il les charmes de la conversation. On savait partout, même si on ne l’avait pas lu, qu’il était l’auteur de petits livres fort mordants sur la peinture, sur la musique, sur l’Italie. L’attention des cénacles devait encore se porter sur lui davantage quand on le vit charger à fond comme un chevau-léger dans la querelle