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Page:Stendhal - Vie de Henri Brulard, t1, 1913, éd. Debraye.djvu/72

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STENDHAL

le 29 ou le 30*, vers huit heures, après avoir couché chez le commandeur Pinto, dont la nièce avait peur. Le 25 septembre, je fus nommé c[onsul] à Trieste par M. Molé*, que je n’avais jamais vu. De Trieste, je suis venu en 1831 à C[ivit]à-V[ecchia] et Rome*, où je suis encore et où je m’ennuie, faute de pouvoir faire échange d’idées. J’ai besoin de temps en temps de converser le soir avec des gens d’esprit, faute de quoi je me sens comme asphyxié.

Ainsi, voici les grandes divisions de mon conte : né en 1783, dragon en 1800, étudiant de 1803 à 1806*. En 1806, adjoint aux commissaires des Guerres, intendant à Brunswick. En 1809, relevant les blessés à Essling, ou à Wagram, remplissant des missions le long du Danube, sur ses rives couvertes de neige, à Linz et Passau, amoureux de madame la comtesse Petit, pour la revoir demandant à aller en Espagne. Le 3 août 1810 nommé par elle, à peu près, auditeur au Conseil d’Etat. Cette vie de haute faveur et de dépenses me conduit à Moscou, me fait intendant à Sagan, en Silésie, et enfin tomber en avril 1814*. Qui le croirait ! quant à moi personnellement, la chute me fit plaisir.

Après la chute, étudiant, écrivain, fou d’amour, faisant imprimer* l’Histoire de la P[einture] en Italie en 1817 ; mon père, devenu ultra, se ruine et meurt en 1819, je crois ; je reviens à Paris en juin 1821. Je suis au désespoir à cause de Métilde, elle meurt, je l’aimais mieux morte qu’infidèle,