j’écris, je me console, je suis heureux. En 1830, au mois de septembre, je rentre dans la carrière administrative où je suis encore, regrettant la vie d’écrivain au troisième étage de l’hôtel de Valois, rue de Richelieu, no 71.
J’ai été homme d’esprit depuis l’hiver 1826, auparavant je me taisais par paresse. Je passe, je crois, pour l’homme le plus gai et le plus insensible, il est vrai que je n’ai jamais dit un seul mot des femmes que j’aimais. J’ai éprouvé absolument à cet égard tous les symptômes du tempérament mélancolique décrit par Cabanis. J’ai eu très peu de succès.
Mais, l’autre jour, rêvant à la vie dans le chemin solitaire au-dessus du lac d’Albano, je trouvai que ma vie pouvait se résumer par les noms que voici, et dont j’écrivais les initiales sur la poussière, comme Zadig, avec ma canne, assis sur le petit banc derrière les stations du Calvaire des Minori Menzati bâti par le frère d’Urbain VIII, Barberini, auprès de ces deux beaux arbres enfermés par un petit mur rond* :
Virginie (Kably), Angela (Pietragrua), Adèle (Rebuffel), Mélanie (Guilbert), Mina (de Grisheim), Alexandrine (Petit), Angelina que je n’ai jamais aimée (Bereyter), Angela (Pietragrua), Métilde (Dembowski), Clémentine, Giulia. Et enfin, pendant un mois au plus, Mme Azur dont j’ai oublié le nom de baptême*, et, imprudemment, hier, Amalia (B.).