étaient des amis d’une singulière espèce, ils auraient fait sans doute des démarches actives pour me tirer d’un grand danger, mais lorsque je sortais avec un habit neuf ils auraient donné vingt francs, le premier surtout, pour qu’on me jetât un verre d’eau sale. (Excepté le vicomte de Barral et Bigillion (de Saint-Ismier), je n’ai guère eu, en toute ma vie, que des amis de cette espèce.)
C’étaient de braves gens fort prudents qui avaient réuni 12 ou 15.000 [francs] d’appointements ou de rente par un travail ou une adresse assidue, et qui ne pouvaient souffrir de me voir allègre, insouciant, heureux avec un cahier de papier blanc et une plume, et vivant avec non plus de 4 ou 5.000 francs. Ils m’auraient aimé cent fois mieux s’ils m’eussent vu attristé et malheureux de n’avoir que la moitié ou le tiers de leur revenu, moi qui jadis les avais peut-être un peu choqués quand j’avais un cocher, deux chevaux, une calèche et un cabriolet, car jusqu’à cette hauteur s’était élevé mon luxe, du temps de l’Empereur. Alors j’étais ou me croyais ambitieux ; ce qui me gênait dans cette supposition*, c’est que je ne savais quoi désirer. J’avais honte d’être amoureux de la comtesse Al. Petit, j’avais comme maîtresse entretenue Mlle A. Bereyter actrice de l’Opera-Buffa, je déjeunais au café Hardy, j’étais d’une activité incroyable. Je revenais de Saint-Cloud à Paris exprès pour assister à un acte du Matrimonio segreto à l’Odéon (Madame Barilli,