Page:Stendhal - Vie de Napoléon.djvu/201

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Tout ce qu’il y avait de bon au Conseil d’État étaient de vieux libéraux, nommés Jacobins, et qui avaient vendu leur conscience à l’empereur pour des titres et 25.000 francs par an. La plupart de ces gens à talent étaient à genoux devant un cordon[1], et presque aussi bas que les comtes Laplace et Fontanes.

Le Conseil fut excellent, jusqu’à ce que l’empereur se fût fait une cour, jusqu’en 1810.

Alors les ministres aspirèrent ouvertement à devenir ce qu’ils étaient sous Louis XIV. Il devint dupe et par conséquent ridicule de s’opposer franchement aux projets de décrets d’un ministre. Encore quelques années et il fût devenu choquant, dans un rapport de section, d’être d’un avis opposé à celui du ministre. Toute franchise dans le style fut bannie ; l’empereur appela au Conseil d’État plusieurs hommes qui, bien loin d’être des enfants de la Révolution, n’avaient acquis dans les préfectures que l’habitude d’une servilité outrée et d’un respect aveugle pour les ministres[2]. Le suprême mérite d’un préfet était d’imiter un intendant militaire en pays conquis. Le comte Regnault-de-Saint-Jean-d’Angely, le plus corrompu

  1. Le comte Français par exemple.
  2. Mole, Chauvetin, Fréville et Néville.