Page:Stendhal - Vie de Napoléon.djvu/323

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Napoléon parmi les soldats était : notre petit tondu, et Jean de l’épée. Il entendait fréquemment ces noms répétés à demi-haut comme il gravissait les montées au milieu de ses vétérans. Le 3, il coucha à Barrème, et dîna à Digne le 4 mars. « Ce fut ou à Digne ou à Castellane, nous dit le colonel, que Napoléon entreprit de persuader de crier : Vive l’empereur au maître de l’auberge dans laquelle il s’arrêta. Cet homme refusa positivement et cria : Vive le roi. Au lieu d’être en colère, Napoléon le loua de sa loyauté et lui demanda seulement de boire à sa santé, ce à quoi l’hôte accéda volontiers. »

À Digne, les proclamations[1] à l’armée, au peuple français furent imprimées et répandues dans le Dauphiné avec tant de rapidité que sur sa route, Napoléon trouva les villes et les villages prêts à le recevoir. Jusqu’à ce moment cependant, il n’avait été joint que par un seul soldat. Ce soldat fut rencontré sur la route par le colonel Jermanowski qui entreprit d’en faire un prosélyte. Comme le colonel lui disait que l’empereur allait arriver, le soldat se mit à rire de tout son cœur : « Bon, dit-il, j’aurai quelque chose à dire ce soir à la maison. » Le colonel eut beaucoup

  1. Hobhouse, 125.