Page:Stendhal - Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, 1928, éd. Martineau.djvu/124

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n’en put obtenir que cette réponse : « Essayez et trouvez. »

On vous dira que le charmant Sarti composait quelquefois ainsi par des bases numériques ; il se vantait même de montrer cette science en peu de leçons : mais tout l’arcane de sa méthode consistait à accrocher de l’argent aux riches amateurs, assez bons pour espérer pouvoir parler une langue sans la savoir. Comment se servir à l’aveugle du langage des sons, sans avoir étudié le sens de chacun d’eux ?

Quant à Haydn, dont le cœur était le temple de la loyauté, tous ceux qui l’ont connu savent qu’il avait un secret et qu’il ne l’a jamais voulu dire. Il n’a donné autre chose au public, dans ce genre, qu’un jeu philharmonique, pour lequel on se procure, au hasard, des nombres en jetant des dés : les passages auxquels ces nombres correspondent, étant réunis, même par quelqu’un qui ne se doute pas du contrepoint, forment des menuets réguliers.

Haydn avait un autre principe bien original. Quand son objet n’était pas d’exprimer une affection quelconque, ou de peindre telle image, tous les motifs lui étaient bons : « Tout l’art consiste, disait-il, dans la manière de traiter un thème et de le conduire. » Souvent un de ses amis