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Une qualité remarquable chez Haydn, la première parmi celles qui ne sont pas données par la nature, c’est l’art d’avoir un style. Une composition musicale est un discours qui se fait avec des sons au lieu d’employer la parole. Dans ses discours, Haydn a, au suprême degré, non-seulement l’art d’augmenter l’effet de l’idée principale par les idées accessoires, mais encore de rendre les unes et les autres de la manière qui convient le mieux à la physionomie du sujet : c’est un peu ce qu’en littérature on nomme convenances de style. Ainsi le style soutenu de Buffon n’admet pas ces tournures vives, originales et un peu familières qui font tant de plaisir dans Montesquieu.

Le motif d’une symphonie est la proposition que l’auteur entreprend de prouver, ou, pour mieux dire, de faire sentir. De même que l’orateur, après avoir proposé son sujet, le développe, présente ses preuves, répète ce qu’il veut démontrer, apporte de nouvelles preuves, et enfin conclut, de même Haydn cherche à faire sentir le motif de sa symphonie.

Il faut rappeler ce motif pour qu’on ne l’oublie pas : les compositeurs vulgaires se contentent, en le répétant servilement, de le faire passer d’un ton à un autre ; Haydn, au contraire, toutes les fois qu’il