Page:Stendhal - Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, 1928, éd. Martineau.djvu/154

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est enchaînée à des paroles on ne la reconnaît plus : il semble que des scènes écrites la ramènent trop souvent aux choses de sentiment. Haydn aura donc toujours la première place parmi les peintres de paysages ; il sera le Claude Lorrain de la musique, mais il n’aura jamais au théâtre, c’est-à-dire dans la musique tout à fait de sentiment, la place de Raphaël.

Vous me direz que celui qui occupe cette place fut le plus gai des hommes. Sans doute Cimarosa était gai dans le monde : n’est-ce pas ce qu’on a de mieux à y faire ? Mais je serais bien fâché pour ma théorie, que l’amour ou la vengeance ne lui eussent jamais fait faire quelque bonne folie, ne l’eussent jamais mis dans quelque position bien ridicule. Un des plus aimables de ses successeurs ne vient-il pas de passer, au mois de janvier, une nuit tout entière dans le plus triste lieu du monde, attendant sans cesse que la plus gaie des cantatrices tînt la promesse qu’elle lui avait faite ?

Je parierais bien que la gaieté de Cimarosa n’était pas une gaieté de traits et d’épigrammes comme celle de Gentil-Bernard.

Vous voyez, mon ami, que la dévotion à mon saint ne m’entraîne pas trop loin : je mets les faiseurs de symphonies dans la