Page:Stendhal - Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, 1928, éd. Martineau.djvu/185

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deux grands plaisirs : le premier, d’entendre la musique de Hændel ; le second, d’aller au concert antique. C’est une société établie dans le but de ne pas laisser perdre la musique que les gens à la mode appellent ancienne ; elle fait exécuter des concerts où l’on entend les chefs-d’œuvre des Pergolèse, des Leo, des Durante, des Marcello, des Scarlatti ; en un mot, de cette volée d’hommes rares qui parurent presque tous à la fois vers l’an 1730.

Haydn me disait avec étonnement que beaucoup de ces compositions qui l’avaient transporté au ciel quand il les étudiait dans sa jeunesse lui avaient paru beaucoup moins belles quarante ans plus tard : « Cela me fit presque le triste effet de revoir une ancienne maîtresse, » disait-il. Était-ce tout simplement l’effet ordinaire de l’âge avancé, ou ces morceaux superbes ne faisaient-ils plus autant de plaisir à notre compositeur, comme ayant perdu le charme de la nouveauté ?

Haydn fit un second voyage de Londres en 1794. Gallini, entrepreneur du théâtre d’Haymarket, l’avait engagé pour composer un opéra qu’il voulait donner avec la pompe la plus riche : le sujet était Orphée pénétrant aux enfers. Haydn commença à travailler ; mais Gallini trouva des difficultés à obtenir la permission