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la postérité, mais aussi ses ouvrages sont sujets à être moins goûtés de ses contemporains.

On voit que vers la fin du seizième siècle la musique d’église se rapprochait de la musique dramatique. Bientôt on donna aux chants sacrés l’accompagnement des instruments.

Enfin, vers 1740, pas plus tôt, Durante eut l’idée de marquer le sens des paroles[1], et chercha des mélodies agréables qui rendissent plus frappants les sentiments qu’elles exprimaient. La révolution produite par cette idée si naturelle fut générale au delà des Alpes ; mais les musiciens allemands, fidèles aux anciennes pratiques, conservèrent toujours dans le chant sacré quelque chose de la rudesse et de l’ennui du moyen âge. En Italie, au contraire, le sentiment faisant oublier les bienséances, la musique dramatique et la musique d’église ne firent bientôt plus qu’une : un Gloria in excelsis n’était qu’un air plein de gaieté, sur lequel un amant aurait fort bien pu exprimer son bonheur ; un Miserere, une plainte remplie de tendre langueur.

Les airs, les duos, les récitatifs, et jusqu’aux rondos folâtres s’introduisirent dans

  1. Durante, né à Naples en 1693, élève de Scarlatti, mort en 1755, la même année que Montesquieu.