Page:Stendhal - Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, 1928, éd. Martineau.djvu/214

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de la musique, et l’invitation fut acceptée.

Du vivant de Hændel, Milton avait fait pour ce grand compositeur un oratorio intitulé la Création du monde, qui, je ne sais pourquoi, ne fut pas mis en musique. L’Anglais Lydley tira du texte de Milton un second oratorio ; et enfin, lorsque Haydn quitta Londres, le musicien Salomon lui donna ces paroles de Lydley. Haydn les apporta à Vienne, sans trop songer à s’en servir ; mais M. de Van Swieten, pour donner du courage à son ami, non-seulement traduisit en allemand le texte anglais, mais y ajouta des chœurs, des airs, des duos, afin que le talent du maître trouvât plus d’occasions de briller. En 1795, Haydn, déjà âgé de soixante-trois ans, entreprit ce grand ouvrage ; il y travailla deux années entières. Quand on le pressait de finir, il répondait avec tranquillité : « J’y mets beaucoup de temps, parce que je veux qu’il dure beaucoup. »

Au commencement de 1798 l’oratorio fut terminé, et le carême suivant il fut exécuté, pour la première fois, dans les salles du Palais Schwartzenberg, au dépens de la société des dilettanti, qui l’avait demandé à l’auteur.

Qui pourrait vous décrire l’enthousiasme, le plaisir, les applaudissements de cette soirée ? J’y étais, et je puis vous assurer