Page:Stendhal - Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, 1928, éd. Martineau.djvu/219

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une différence entre ces barbouillages parfaits, nommés des trompe-l’œil, et la Sainte Cécile de Raphaël.

Il faut que l’imitation produise l’effet qui serait occasionné par l’objet imité, s’il nous frappait dans ces moments heureux de sensibilité et de bonheur qui donnent naissance aux passions.

Voilà pour l’imitation physique de la nature par la musique.

L’autre imitation, que nous appellerons sentimentale, si ce nom n’est pas trop ridicule à vos yeux, ne retrace pas les choses, mais les sentiments qu’elles inspirent. L’air :

Deh ! signor !

de Paolino dans le Mariage secret, ne peint pas précisément le malheur de se voir enlever sa maîtresse par un grand seigneur, mais il peint une tristesse profonde et tendre. Les paroles particularisent cette tendresse, dessinent les contours du tableau, et la réunion des paroles et de la musique, à jamais inséparables dans nos cœurs dès que nous les avons entendues une fois, forme la peinture la plus vive qu’il ait été donné à l’homme passionné de tracer de ses sentiments.

Cette musique, ainsi que les morceaux