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Milton. Haydn peint les transports du premier et du plus innocent des amours, les tendres conversations des premiers époux, et leur reconnaissance pure et exempte de crainte envers le prodige de bonté qui les créa, et qui semble avoir créé pour eux toute la nature. La joie la plus enflammée respire dans chaque mesure de l’allegro. On trouve aussi, dans cette partie, de la dévotion ordinaire mêlée de terreur.

Enfin un chœur en partie fugué et en partie idéal termine cette étonnante production avec le même feu et la même majesté qu’elle avait commencé.

Haydn eut un bonheur rare qui lui permit de faire de la musique vocale. Il pouvait disposer, pour la partie de soprano, d’une des plus belles voix de femme qui existât peut-être alors, celle de mademoiselle Gherard.

Cette musique doit être exécutée avec simplicité, exactitude, expression[1]. Le moindre ornement changerait absolument le caractère du style. Il faut nécessairement un Crivelli ; les grâces de Tachinardi y seraient déplacées.

  1. Avec portamento, diraient les Italiens.