Page:Stendhal - Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, 1928, éd. Martineau.djvu/231

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a été bien servi par la langue allemande. Cette langue permet une figure augmentive, ridicule en français, et en allemand pleine de majesté. Le texte, traduit littéralement, dit : « Voilà l’homme, le viril, le roi de la nature. » L’épithète du mot homme éloigne toute idée basse et vulgaire pour concentrer notre attention sur les attributs les plus nobles et les plus majestueux de l’être heureux et grand que Dieu vient de créer.

La musique de Haydn s’élève avec une énergie croissante sur chacune de ces premières paroles, et fait une superbe cadence sur roi de la nature. Il est impossible de n’être pas saisi.

La seconde partie de cet air peint la création de la charmante Ève, de cette belle créature qui, en naissant, est tout amour. Cette fin de l’air donne une idée du bonheur d’Adam. C’est, du consentement de tout le monde, le morceau le plus beau de la Création ; et j’ajoute, d’après mes idées, c’est parce que Haydn est rentré dans le domaine des passions, et qu’il a eu à peindre un des plus grands bonheurs que le cœur de l’homme ait jamais senti.

Le troisième morceau de la Création est le plus court. C’est une belle traduction de la partie agréable du poëme de