Page:Stendhal - Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, 1928, éd. Martineau.djvu/235

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la Hollande, la Russie, l’ont entendu ainsi exécuté.

On critique dans la Création deux choses, la partie chantante, et le style général de l’ouvrage. Les chants sont certainement au-dessus du médiocre ; mais je pense, avec les critiques, que cinq ou six airs de Sacchini, jetés au milieu de cette masse d’harmonie, y eussent porté une grâce céleste, une noblesse et une facilité qu’on y chercherait en vain. Porpora ou Zingarelli eussent peut-être mieux fait les récitatifs.

J’avouerai aussi qu’un Marchesi, un Pacchiarotti, un Tenducci, un Aprile, seraient au désespoir d’avoir à exécuter une telle musique, où souvent la partie chantante s’arrête pour donner lieu aux instruments d’expliquer la pensée. Dès le commencement, par exemple, la première partie du premier air du ténor, il est obligé de s’arrêter après ces mots :

Cessò il disordine.

pour laisser parler les instruments.

À cela près, Haydn peut être justifié ; je dirai hardiment à ses critiques : « En quoi consiste la beauté du chant ? » Ils me répondront, s’ils sont vrais, qu’en musique comme en amour, ce qui est beau,