Page:Stendhal - Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, 1928, éd. Martineau.djvu/236

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c’est ce qui plaît. La Rotonde de Capri, l’Apollon du Belvédère, la Madonna alla Seggiola, la Nuit du Corrége, seront le vrai beau partout où l’homme ne sera pas sauvage. Tandis qu’au contraire les ouvrages de Carissimi, de Pergolèse, de Durante, je ne dis pas dans les froides régions du Nord, mais dans le beau pays même qui les inspira, sont encore vantés par tradition, mais ne produisent plus le même plaisir qu’autrefois. On en parle toujours ; mais je vois préférer partout un rondo d’Andreossi, une scène de Mayer, ou quelque ouvrage de compositeurs moins célèbres. Je suis tout étonné de cette révolution, qu’à la vérité je n’éprouve pas dans ma manière de sentir, mais que j’ai vue bien réelle en Italie. Au reste, c’est un sentiment bien naturel que de trouver beau ce qui plaît. Quel amant sincère n’a pu dire à sa maîtresse :

Ma spesso ingiusto al vero,
Condanno ogni altro aspetto ;
Tutto mi par diffetto
Fuor che la tua beltà.

Mét.

Peut-être les mêmes choses sont-elles toujours belles dans les arts du dessin, parce que dans ces arts le plaisir intellectuel l’emporte de beaucoup sur le plai-