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Page:Stendhal - Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, 1928, éd. Martineau.djvu/301

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faire cette partie, d’une manière tout à fait irrégulière, il est vrai, mais du moins de façon à ne jamais rester court. »

Chaque jour amenait de nouvelles preuves de l’excellente organisation de Mozart pour la musique. Il savait distinguer et indiquer les plus légères différences entre les sons ; et tout son faux, ou seulement rude et non adouci par quelque accord, était pour lui une torture. C’est ainsi que, durant sa première enfance, et même jusqu’à l’âge de dix ans, il eut une horreur invincible de la trompette, lorsqu’elle ne servait pas uniquement pour accompagner un morceau de musique ; quand on lui montrait cet instrument, il faisait sur lui à peu près l’impression que produit sur d’autres enfants un pistolet chargé qu’on tourne contre eux par plaisanterie. Son père crut pouvoir le guérir de cette frayeur en faisant sonner de la trompette en sa présence, malgré les prières du jeune Mozart pour qu’on lui épargnât ce tourment ; mais, au premier son, il pâlit, tomba sur le plancher ; et vraisemblablement il aurait eu des convulsions si on n’avait cessé de jouer sur-le-champ.

Depuis qu’il avait fait ses preuves sur le violon, il se servait quelquefois de celui de Schachtner, cet ami de la famille Mozart, dont il vient d’être question : il en faisait