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Page:Stendhal - Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, 1928, éd. Martineau.djvu/311

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L’effet sublime de ce morceau tient, ce me semble, et à la manière dont il est chanté et au lieu où on l’exécute. La tradition a appris aux chanteurs du pape certaines manières de porter la voix qui sont du plus grand effet, et qu’il est impossible d’exprimer par des notes. Leur chant remplit au plus haut point la condition qui rend la musique touchante. On répète la même mélodie sur tous les versets du psaume ; mais cette musique, semblable par les masses, n’est point exactement la même dans les détails. Ainsi elle est facilement comprise, et cependant évite ce qui pourrait ennuyer. L’usage de la chapelle Sixtine est d’accélérer ou de ralentir la mesure sur certains mots, de renfler ou de diminuer les sons suivant le sens des paroles, et de chanter quelques versets entiers plus vivement que d’autres.

Voici maintenant ce qui montre la difficulté du tour de force exécuté par Mozart en chantant le Miserere. On raconte que l’empereur Léopold Ier, qui non-seulement aimait la musique, mais encore était bon compositeur lui-même, fit demander au pape, par son ambassadeur, une copie du Miserere d’Allegri pour l’usage de la chapelle impériale de Vienne, ce qui fut accordé. Le maître de la chapelle Sixtine fit faire cette copie, et l’on se hâta