Page:Stendhal - Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, 1928, éd. Martineau.djvu/330

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Mozart, combien vous faut-il ? je pars demain. » Ce pauvre homme, le regardant pour ainsi dire comme un Dieu, lui répondit, déconcerté, anéanti et balbutiant : « Majesté Impériale ! Monsieur le maître de chapelle de Sa Majesté Impériale ! Je ne puis… Il est vrai que j’ai été plusieurs fois chez vous… Eh bien, vous me donnerez un écu. — Un écu ! répondit Mozart ; allons donc ! un brave homme comme vous ne doit pas se déranger pour un écu, » et il lui donna quelques ducats. Le bonhomme, en se retirant, répétait encore, avec de grandes révérences : « Ah ! Majesté Impériale ! »

Idoménée et Don Juan étaient ceux de ses opéras qu’il estimait le plus. Il n’aimait pas à parler de ses ouvrages, ou, s’il en parlait, ce n’était jamais qu’en quelques mots. Au sujet de Don Juan, il dit un jour : « Cet opéra n’a pas été composé pour le public de Vienne ; il convenait mieux à celui de Prague ; mais, au fond, je ne l’ai fait que pour moi et mes amis. »

Le temps qu’il donnait le plus volontiers au travail était le matin, depuis six ou sept heures jusqu’à dix. Alors il sortait du lit. Le reste de la journée il ne composait plus, à moins qu’il n’eût à terminer quelque morceau pressé. Il fut toujours très inégal dans sa manière de travailler.