Page:Stendhal - Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, 1928, éd. Martineau.djvu/353

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des sombres pensées qui l’occupaient, il lui répondit brusquement : « Cela est certain, c’est pour moi que je fais ce Requiem ; il servira à mon service mortuaire. » Rien ne peut le détourner de cette idée.

À mesure qu’il travaillait, il sentait ses forces diminuer de jour en jour, et sa partition avançait lentement. Les quatre semaines qu’il avait demandées s’étant écoulées, il vit un jour entrer chez lui le même inconnu. « Il m’a été impossible, dit Mozart, de tenir ma parole. — Ne vous gênez pas, dit l’étranger : quel temps vous faut-il encore ? — Quatre semaines. L’ouvrage m’a inspiré plus d’intérêt que je ne pensais, et je l’ai étendu beaucoup plus que je n’en avais le dessein. — En ce cas, il est juste d’augmenter les honoraires ; voici cinquante ducats de plus. — Monsieur, dit Mozart, toujours plus étonné, qui êtes-vous donc ? — Cela ne fait rien à la chose ; je reviendrai dans quatre semaines. »

Mozart appelle sur-le-champ un de ses domestiques pour faire suivre cet homme extraordinaire, et savoir qui il était : mais le domestique maladroit vint rapporter qu’il n’avait pu retrouver sa trace.

Le pauvre Mozart se mit dans la tête que cet inconnu n’était pas un être ordinaire ; qu’il avait sûrement des relations