Page:Stendhal - Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, 1928, éd. Martineau.djvu/429

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trop à en dire : demandez aux officiers français qui y furent en 1809 ; je parie qu’ils se souviennent encore des larmes qu’ils répandaient au Croisé, mélodrame égal, pour l’effet, aux meilleures tragédies romantiques, et du rire inextinguible que provoquait l’excellent danseur Rainaldi, je crois, qui jouait si bien le ballet des Vendanges. En même temps on exécutait supérieurement Don Juan, le Mariage secret, la Clémence de Titus, le Sargines de Paër, Eliska de Chérubini, une Lisbeth folle par amour, et plusieurs autres ouvrages allemands justement estimés.

Ai-je besoin de vous répéter que, probablement, plusieurs grands talents jouissent en Italie d’une réputation méritée et sont passés par moi sous silence parce que je ne les connais pas ? Je ne suis jamais allé en Sicile ; il y a bien longtemps que j’ai quitté Naples. C’est dans cette terre heureuse, c’est dans ce pays produit par le feu, que naissent les belles voix. J’y trouvai autrefois des usages bien différents des nôtres et un peu plus gais. On

    On conçoit les plus hautes espérances de M. Rossini jeune homme de vingt-cinq ans, qui débute. Il faut avouer que ses airs, chantés par les aimables Monbelli, ont une grâce étonnante. Le chef-d’œuvre de ce jeune homme, qui a une charmante figure, est l’Italiana in Algeri. Il paraît que déjà il se répète un peu. Je n’ai trouvé nulle originalité et nul feu dans le Turco in Italia, qu’on vient de donner à Milan, et qui est tombé.