Page:Stendhal - Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, 1928, éd. Martineau.djvu/430

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ne dénonce pas les plagiats par des brochures dans ce pays-là ; on prend les voleurs sur le fait. Si donc le compositeur dont on exécute l’ouvrage a dérobé à un autre un aria ou seulement quelques passages, quelques mesures, dès que le morceau volé commence à se faire entendre, il s’élève de tous côtés des bravos auxquels est joint le nom du véritable propriétaire. Si c’est Piccini qui a pillé Sacchini, on lui criera sans rémission : Bravo, Sacchini ! Si l’on reconnaît, pendant son opéra, qu’il ait pris un peu de tout le monde, on criera : Fort bien ! bravo Galuppi ! bravo, Traetta ! bravo, Guglielmi !

Si on avait le même usage en France, combien des opéras de Feydeau auraient de ces bravos-là ! Mais ne parlons pas des vivants.

Tout le monde sait aujourd’hui que dans les Visitandines l’air si connu, Enfant chéri des dames, est de Mozart.

Duni eût entendu crier : Bravo, Hasse ! pour le début de l’air Ah ! la maison maudite ! dont les quinze premières mesures sont aussi les quinze premières de l’air Priva del caro bene[1].

Monsigny eût eu un bravo, Pergolèse ! pour le début de son duo Venez, tout nous

  1. Voyage de Roland.