LETTRE V
Mon ami,
es ravages du temps vinrent déranger
la petite fortune de Haydn.
Sa voix changea, et il sortit à dix-neuf
ans de la classe des soprani de Saint-Étienne,
ou pour mieux dire, et ne pas
tomber sitôt dans le style du panégyrique,
il en fut chassé. Un peu impertinent,
comme tous les jeunes gens vifs, un jour
il s’avisa de couper la queue de la robe
d’un de ses camarades, crime qui fut jugé
impardonnable. Il avait chanté onze ans
à Saint-Étienne : le jour qu’il en fut chassé,
il ne se trouva, pour toute fortune, que
son talent naissant, pauvre ressource quand
elle est inconnue. Il avait cependant un
admirateur. Forcé de chercher un logement,
le hasard lui fit rencontrer un perruquier
nommé Keller, qui avait souvent
admiré, à la cathédrale, la beauté de sa
voix, et qui, en conséquence, lui offrit