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Page:Stendhal - Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, 1928, éd. Martineau.djvu/87

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LETTRE VI

Vallée de Sainte-Hélène, 2 octobre 1808

Mon cher ami,


Je finis mon histoire. Haydn, une fois entré dans la maison Esterhazy, mis à la tête d’un grand orchestre, attaché au service d’un patron immensément riche, et passionné pour la musique, se trouvait dans cette réunion de circonstances, trop rares pour nos plaisirs, qui permettent à un grand génie de prendre tout son essor. De ce moment, sa vie fut uniforme et remplie par le travail. Il se levait le matin de bonne heure, s’habillait très proprement, se mettait à une petite table à côté de son piano, et ordinairement l’heure du dîner l’y retrouvait encore. Le soir, il allait aux répétitions, ou à l’opéra, qui avait lieu au palais du prince quatre fois par semaine. Quelquefois, mais rarement, il donnait une matinée à la chasse. Le peu de temps qui lui restait les jours ordinaires était partagé entre ses amis et mademoiselle Boselli. Telle fut sa vie pendant plus de