Page:Stendhal - Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, Lévy, 1854.djvu/28

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posées d’une partie chantante, d’une basse et rien de plus. Les premiers qui y introduisirent trois parties furent Sammartini, Palladini, le vieux Bach, Gasparini, Tartini et Jomelli.

Quelquefois seulement ils essayaient de ne pas donner le mouvement à toutes les parties. Telles furent les faibles lueurs qui annoncèrent au monde le soleil de la musique instrumentale. Corelli avait donné des duos, Gasmann des quatuors ; mais il suffit de parcourir ces compositions austères, savantes et d’un froid glacial, pour sentir que Haydn est le véritable inventeur de la symphonie : et non-seulement il inventa ce genre, mais il le porta à un tel degré de perfection, que ses successeurs devront ou profiter de ses travaux, ou retomber dans la barbarie.

L’expérience prouve déjà la vérité de cette assertion hardie.

Pleyel a diminué le nombre des accords et économisé les transitions : ses ouvrages ont moins de dignité et d’énergie.

Quand Beethoven et Mozart lui-même ont accumulé les notes et les idées ; quand ils ont cherché la quantité et la bizarrerie des modulations, leurs symphonies savantes et pleines de recherche n’ont produit aucun effet, tandis que lorsqu’ils ont suivi les traces d’Haydn, ils ont touché tous les cœurs.